Cultures d'écrans et enjeux culturels

Lorsque qu’aujourd’hui, sur leur outil nomade, les jeunes découvrent les lieux culturels physiquement et virtuellement, en réalité augmentée (Réf/article noté dans l'actualité de la semaine de l'An@é sur les jardins de Versailles) cela renouvelle quelques questions dont il faudrait certainement tenir compte dans les approches culturelles de l’école :

 

S’agit-il avec l’émergence de ces nouvelles pratiques d’une nouvelle relation à la culture ?

 

Les enfants d’aujourd’hui, issus de la génération numérique, ont certes, "une culture d’écran" mais y ont-ils tous accès ?

 

L’enfant accompagné par ses parents dans les lieux culturels, accompagné également par cet environnement technologique possède, par une médiation affective et technologique, de meilleures chances d’entrer dans la culture que d’autres.

Cependant, cet accès facilité à l’information, à la documentation ne risque t’il pas cependant de ringardiser à ses yeux nos pratiques pédagogiques ?

 

Il s’agit toujours des mêmes questions à la fois d’enjeux culturels, d’égalité d’accès à la culture et du positionnement de l’école dans l’évolution des pratiques sociales.

 

On a souvent évoqué le temps long de l’éducation, l’émergence rapide des outils numériques.

Sans précipitation, la réponse est certainement dans l’évolution des dispositifs éducatifs, dans la nécessité d’analyser les innovations technologiques et dans l’utilisation, dans et hors l’école, de ces technologies nomades avec leur intégration pertinente et raisonnée dans des situations d’apprentissage choisies.

 

Par un communiqué du 8 juillet, le ministère de la Culture vient de présenter "un  nouvel" appel à projet orienté vers l’accès à la culture et annonce : « le 2 juin 2009, la Fondation Total et le Ministère de la jeunesse ont signé un partenariat de 6 ans pour développer des actions expérimentales en faveur de l’éducation et de l’insertion des jeunes.

Ce partenariat a pris la forme d’un soutien financier de 50 millions d’euros sur la période 2009-2014 avec trois axes :

Un travail de mise en cohérence des activités culturelles scolaires, péri et extrascolaires et de réduction des inégalités relatives à l’accès aux offres culturelles

Un volet centré sur l’encouragement des pratiques artistiques et l’expression des jeunes

Un dernier axe dédié à favoriser l’insertion professionnelle par la pratique artistique. »

 

On peut s’interroger sur les objectifs qui sont la base même de toute éducation culturelle et scolaire

 

On peut s’interroger sur l’approche expérimentale (expérimentations en 2011, échelle de l’expérimentation, publics ciblés et publics touchés)

 

On peut s’interroger sur les moyens, sur l’indigence de nos services publics qui s’appuie en l’occurrence sur de la Fondation Total (Le groupe pétrolier contribue à hauteur de deux millions d’euros tandis que le gouvernement remettra une enveloppe de 500.000 euros issus de fonds d’expérimentation pour la jeunesse)

 

On peut s’interroger sur la disparition invisible aux yeux du grand public, des crédits accordés à la recherche pédagogique.

 

Ne pourrait-on pas concevoir avec ambition des environnements et des scénarii culturels et pédagogiques d’aujourd’hui?

 

Michelle Laurissergues