L'enseignant, pivot d'une première modélisation

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L’adulte enseignant demeure le pivot d’une première modélisation pour les élèves.

L’importance de cette modélisation fait jouer des éléments inaliénables : richesse de la personnalité, sens de l’Autre, clarté d’un engagement sur des valeurs d’un consensus solide, volontairement lucide au service de la réussite individuelle et collective.

Cette exemplarité efficace reflète, dans les conditions propres à toute profession (difficulté occasionnelle, conflits, etc.) une précieuse sérénité et une conception jubilatoire de la « vie scolaire » (entendue ici comme l’ensemble cohérent des faits, gestes, postures, attitudes, conduites, qui constituent la vie dans l’école ou l’établissement).

Par la formation, par l’expérience professionnelle, par cet équilibre heuristique entre la vie personnelle et le métier, par une implication forte (le fameux et très juste « on enseigne ce qu’on est » de Jaurès) l’enseignant vit et fait vivre des valeurs irremplaçables. Sa personne y est entièrement sollicitée. Il reste à l’institution à veiller à conforter la personnalité de ses « agents », ses « acteurs », par une ré-affirmation claire des missions, rôles et fonctions mais aussi par une sollicitation de ces volontés que parents et enseignants appellent de leurs vœux au cœur d’une citoyenneté en partage, au sein d’une société de droits et de devoirs.

En déclinant les significations des notions et valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité, par le métier même, au jour le jour, dans l’enseignement (par exemple le respect des opinions, l’éclairage effectif de la liberté par l’exercice des libertés scolaires etc.) et dans le rapport éducatif (respect des valeurs de justice, de tolérance, d’altruisme, de don de soi etc.) qui lie l’enseignant aux élèves sa modélisation se conjugue par :

- L’expérience renouvelée par les enfants et adolescents d’une relation à l’adulte faite de confiance et de respect, porteuse d’une saine émulation.

- Un vécu individuel et collectif de richesse en PARTAGE (les savoirs, les compétences, les attitudes, les conduites...) favorisant des habitudes elles-mêmes créatrices d’autres habitudes positives à moyen et long terme (des individualités fortes mais non égoïstes, des appartenances solides mais non exclusives des autres car fondées sur une pratique solidariste).

- Une confrontation tonique et jubilatoire avec la connaissance (apprendre, vaincre les ignorances, se bâtir progressivement une identité cognitive mais pas au prix d’un individualisme restrictif autour de la seule réussite individuelle limitée aux acquêts intellectuels monnayables pour un positionnement élitiste, etc.)

Loin de toute candeur, ou d’un angélisme éducatif, l’illustration de ces valeurs, attitudes, conduites par l’exemplarité de l’enseignant, un tel processus de participation à la réussite de l’Ecole est toujours partagé et accepté par presque tous les enseignants. Pour « peu » toutefois qu’on identifie avec simplicité et rigueur ces points d’appui archimédiens qui permettent de réduire les grandes difficultés liées à l’infortune des naissances, à la fragilité de certains psychismes d’élèves, au stress réel que provoquent les très fortes attentes du corps social de la réussite sociale.

 

Parmi ces points d’appuis, ceux qui relèvent du respect des valeurs évoquées et de celui de soi-même, suppose un adulte avec l’épaisseur nécessaire, le détachement lucide et attentif, enfin l’ineffable bonheur de se révéler en révélant autrui à lui-même dans ce qu’il a de meilleur.

 

 

Mokthar KACHOUR

Inspecteur d’Académie

Extrait de l’intervention Actes de l'an@é

 

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