1. Prospective
Notre inspiration
Que sera l'homme du futur ? Ni créature bionique, ni surhomme, ni robot. Pour Joël de Rosnay, ce sera l'homme symbiotique. Un être de chair et de sentiments, associé dans une étroite symbiose à un organisme planétaire qu'il contribue à faire naître. Un macro-organisme constitué par l'ensemble des hommes et de leurs machines, des nations et des grands réseaux de communication.
Au cours d'un passionnant voyage vers l'avenir, Joël de Rosnay décrit les révolutions mécanique, biologique et informatique qui conduisent à l'avènement de ce nouvel être collectif, le cybionte, forme aujourd'hui ultime de l'évolution de la vie sur Terre. Ce regard sur le troisième millénaire dépasse la science et la technique : il éclaire les nouvelles approches politiques, économiques, écologiques et culturelles nécessaires au monde de demain. Comment concevoir l'école, les médias, les industries, afin de construire un monde plus juste et plus équitable ? Sur quelles valeurs humanistes les leaders politiques du XXIe siècle fondent-ils leurs actions ? Joël de Rosnay apporte à ces grandes questions dès 1995 des réponses concrètes capables de donner du sens à nos actions quotidiennes.
Le Forum Educavox, notre horizon, notre ADN
Forum Educavox 2013 : Education réelle, virtuelle, Enseignement formel et informel, lien humain et social face au numérique !
Forum Educavox 2014 : le numérique et les valeurs de la République !
Forum Educavox 2023 : Hybridation des cultures !
Et si nos temps sociaux, nos territoires de vie et nos mobilités, en s’interconnectant, créaient une nouvelle manière de vivre et de se réinventer ?
Educavox est un laboratoire et, pour son sixième Forum, « Hybridation des cultures ! » après et avec le temps des Boussoles, les moments des confettis du Carnaval numérique, Éthique et numérique » il a expérimenté pendant cette rencontre le moment « Pitch- cinq minutes chrono ».
Chacun a construit du sens, son sens. Quoi alors de mieux pour faire éclore et s’exprimer richesse et diversité ? Ces échanges sont à poursuivre dans un monde où les scientifiques mais aussi les apprentis sorciers utilisent des outils technologiques sans précédent et co -habitent sur la toile, net et dark net…
2. Ancrage dans le contexte global
Du point de vue mondial, les risques semblent omniprésents, conflits, environnement…Les fissures s’accroissent dans nos murs, dans nos sols, dans nos esprits, dans nos cultures…L’éducation est désignée à la fois comme remède et comme cause de tous les maux…Les " chocs" et "réarmements " comme solutions ? Plutôt chocs idéologiques.
Le choc est dans le constat qu’on a ignoré trop longtemps notamment : une société qui prend le pas sur l’école, tant du point de vue médiatique que culturel, une impossibilité de créer de vrais changements, des formations parcellaires sans réel transfert entre les apports de formation et les réalités du terrain, des enseignants qui peinent à avoir confiance en eux…
Comment se donner les moyens d’une éducation plus démocratique ?
La Jeunesse est pour les uns, un long fleuve tranquille, pour d’autres, une longue galère et pour certains, un bricolage sans fin pour s’ajuster à des situations toujours précaires. Comment envisager l’avenir comme une promesse ? Comment se reconnecter aux autres et réfléchir, et avancer ensemble ?
De quelle école parlons-nous ? D’une école livrée à la marchandisation ? D’une école dans une République Laïque ? Aux prises d’un système mondial ? Celle qui doit se reconstruire dans une approche systémique ?
« La marchandisation est la transformation de l’éducation en un produit marchand source de profit. Elle est un processus insidieux aux formes multiples qui touche à la fois les secteurs de l’éducation formelle et informelle… ».
Le développement de ce phénomène, porté par des acteurs privés qui dissimulent mal les buts lucratifs qui les animent, interpelle toutes les organisations de la société civile intervenant dans le champ éducatif, il vient bousculer les valeurs qui fondent le caractère collectif et humaniste de l’École.
La Rapporteuse spéciale
de l’ONU sur le droit à l’éducation, Mme Shaheed, concluait en juin 2023 que la marchandisation de l’éducation s’avère un frein à l’égalité et une remise en cause de la qualité des contenus
éducatifs, avec une amplification des risques résultant de l’essor du numérique dans ce domaine. Les alertes ainsi posées qu’en est-il exactement ? Quelle place la marchandisation prend-elle dans
les systèmes éducatifs à travers le monde et dans le système éducatif français en particulier ?
Entre les entreprises vendant des services à côté ou en plus de l’École, mais aussi en son sein même via les produits numériques, et les structures privées se substituant à l’École, le champ est vaste.
Chaque événement la presse, les personnalités politiques, nous convoquent à des débats qui ont de commun de montrer qu’on n’est visiblement plus d’accord sur le sens et la portée de la Laïcité dans notre espace public. La laïcité fait donc débat. D’aucuns jugent nécessaire de l’affubler d’adjectifs (ouverte, généreuse, ferme, tolérante, inclusive…) pour en préciser le sens.
La totalité de l’échiquier politique s’accapare aujourd’hui la défense présumée de la laïcité quitte à en faire pour certains une interprétation douteuse.
La laïcité redevient depuis quelques années une vraie question politique puisqu’elle divise, engendre des argumentations souvent polémiques : la laïcité finit par diviser au lieu d’être garante d’un mode de vie. « République laïque : de quoi parle-t-on ? »
Frédérique de la Morena situe la laïcité dans les principes républicains en employant le mot principe plutôt que valeur : on n’est pas obligé de partager des valeurs mais on l’est de respecter des principes. Une ambigüité est également levée dès le préambule : ce n’est pas la France qui est laïque, c’est la République. République et laïcité sont liées juridiquement.
"Apprendre aujourd'hui et (ré)apprendre demain avec le numérique » rédigé par la sociologue Sandrine Cathelat, présente l’analyse et le point de vue de Netexplo, l’observatoire mondial des nouvelles technologies.
Nous devons faire face à un avenir qui n’a jamais été aussi incertain. La révolution numérique est une des causes de cette incertitude : que va-t-elle dessiner comme monde demain ? Mais ce serait sans compter l’environnement détraqué, l’obscurantisme galopant, la défiance institutionnelle, les crises sanitaires et tout le reste. Nous devons aborder un avenir incertain et notre système éducatif, conçu il y a vingt ans de cela, ne nous y prépare pas, bien au contraire.
Alors même que nous devons faire preuve d’audace, d’esprit d’aventure, de créativité, nous nous constatons amputés des talents pluriels et singuliers qui nous permettraient d’inventer l’avenir. Quelle mutation doit opérer le monde de l’éducation pour nous permettre d’envisager et de construire l’avenir qui nous fait face ?...
Cette facilité avec laquelle nous cherchons information et connaissance sur le web est-elle comparable à de l’apprentissage, est-elle le signe d’une envie d’apprendre ? Le savoir potentiel qui est à portée de main suppose-t-il une envie de tous d’y accéder ? Les opinions peuvent diverger sur ces points.
Les journées Neuj’Pro, sous les auspices du temps des possibles, ont drainé deux questions socialement entêtantes et fondamentales :
L’impérieuse nécessité d’une Politique Publique Jeunesse capable de prendre en compte les caractéristiques de cette période de transition et le besoin criant d’une Politique Publique Sociale capable de réduire les inégalités. A défaut, force est de reconnaître que des décalages perturbants et générateurs de tensions entravent le « faire société » dans la diversité et l’adversité qui émergent de manière criante dans le monde.
C’est donc une fenêtre à la fois, d’opportunités mais aussi à risques comme toutes les périodes de rupture. Un tourbillon d’interrogations peut certainement nous emporter.
En voici quelques-unes énoncées pêle-mêle : les jeunes ne poursuivent-ils pas un processus de développement qui s’est certes dilaté avec le temps et qui a fini par aboutir à la création d’une catégorie « Jeunesse » socialement construite ?
Pour se construire une identité, le jeune ne prend-t-il pas souvent le contrepied des codes sociaux en vigueur en se méfiant de tous engagements ou participations téléguidés par les adultes ? Les désynchronisations perçues par les professionnels ne sont-elles pas une marque de fabrique de la Jeunesse, faite de temps surprenants qui sont autant de matériaux pour l’autonomie ?
Peut-on se satisfaire dans les classes, d’une période limitée et soumise au volontariat centrée sur l’éducation aux médias et à l’Information ?
Les jeux vidéo peuvent-ils entrer à l’école ? Les biais culturels ? Il y en a toujours. Est-ce que l’on peut mobiliser les forces du jeu pour en faire autre chose ? Laissons-les vraiment jouer et accompagnons les enfants. Sinon cela ne marche pas…
La Réalité virtuelle ? Les apprentissages dans les environnements immersifs, notamment sur les gestes professionnels : il y a de réels avantages à les utiliser.
Nous nous interrogions en amont du dernier Forum :
Aurons-nous les moyens d’anticiper et de mettre en œuvre une société qui sache à la fois prendre en compte les aspirations et les transformations, avec une culture numérique et humaniste à la hauteur des enjeux, et à l’échelle de notre monde connecté ?
3. Approche systémique
C’est tout cela qui émergé de nos interrogations 2023 et le comité éditorial réuni la semaine dernière a relevé des actualités à mettre en lumière par des analyses, des débats, des pratiques sur Educavox : Intelligence Artificielle, éducation aux médias, esprit critique, culture scientifique et climat scolaire…et la nécessité de s’interroger sur les stratégies pédagogiques…
C’est tout ceci que nous gardons en écho pour mener à bien les actions et l’événement que nous avons choisi pour notre rencontre inter partenariale du 29 novembre 2024 la première d’un nouveau cycle de trois ans .
De porter loin notre regard multidisciplinaire et prospectif pour imaginer un nouveau grand récit fédérateur avec des acteurs de changement positif...
« De faire société » dans la diversité et l’adversité avec des crises : de l’imaginaire, du recrutement, écologique, économique, démocratique, démographique, géopolitique…
D’être en capacité d'agir, d’oublier passivité et facilité...De s’'interroger toujours ...partager, apprendre, explorer, construire ensemble...
De développer une solide culture de l’information à l’école, base de l’esprit critique allié à l’esprit d’enquête...
A vous toutes et tous ici présent(e) s, investi(e) s dans l’An@é, je voudrais dire merci, merci d’être toujours là avec vos convictions, engagé(e) s au service d’une
éducation ancrée dans son temps, dans un humanisme à la hauteur des enjeux et un grand merci aux nouvelles et nouveaux venu(e) s qui nous rejoignent dans cette aventure. Un nouveau cycle
commence. Une nouvelle équipe est là !
Michelle Laurissergues