Fraude au bac : beaucoup de bruit pour rien ?

« Je veux rassurer les élèves et les parents, le nouveau barème de l’épreuve de mathématiques au bac s n’a pas eu d’impact » (LucChatel le 5 juillet sur europe1)

 

Un peu d’arithmétique aurait permis d’anticiper ce constat.

 

L’exercice publié la veille sur internet devait être noté sur quatre points avec un coefficient de 7 ou 9 suivant la spécialité choisie par le candidat. Cela correspond à 28 ou 36 points sur un total de 760 toutes matières confondues, hors TPE (travaux personnels encadrés) et options facultatives comptées en bonus. Ces quatre points ont été répartis sur deux des exercices dans le nouveau barème voulu par Monsieur le Ministre.

Les correcteurs qui ont poussé la conscience professionnelle jusqu’à noter successivement avec l’ancien et le nouveau barème ont constaté un écart de 1 à 2 points entre les deux notes obtenues pour la même copie (déclaration de Eric Barbaso, président de l’association des professeurs de mathématiques APMEP, le 5 juillet sur France Inter).

 

L’impact est donc de 7 à 18 points sur 760 et il a été encore minimisé par les consignes données aux jurys pour leurs délibérations du 5 juillet.

 

Monsieur Luc Chatel aurait ainsi pu se dispenser et nous dispenser tout à la fois d’une quelconque modification de la notation et d’un tel battage médiatique.

 

Qui veut tuer son bac…

Il ne faudrait pas qu’une conséquence à moyen terme de cet épisode soit une modification hâtive de l’examen lui-même.

Il convient de séparer les problèmes de fraude, jusqu’ici très mineurs, d’une réforme en profondeur du baccalauréat.

 

Faut-il ou non introduire une part de contrôle en cours de formation dans l’obtention du célèbre sésame ?

La question se pose et doit être débattue mais en dehors du climat actuel de suspicion et en sachant que les possibilités de fraude ne seront pas diminuées par l’adoption d’une telle mesure.

 

Cette réflexion prendrait naturellement tout son sens dans le cadre d’une nouvelle définition des savoirs à évaluer et à valider à l’issue de la scolarité au lycée.

 

Jacques PUYOU,

professeur certifié de mathématiques