L'aide personnalisée en maternelle

Introduction à la réflexion

1. Merci, M. le Directeur du CDDP, Merci MME la Présidente de l’AGEEM, Mme la Présidente d’ANAE, chère Michelle LAURISSERGUES, de me faire l’honneur, et de me donner le plaisir, d’ouvrir cette journée de réflexion formation consacrée à l’aide personnalisée, et plus précisément, à l’aide personnalisée en maternelle/

 

 

Souligner le rôle, important, du CDDP, et du réseau SCEREN, dans le maintien de la veille pédagogique dans le département, et le travail mené en synergie, du moins c’est ce qui m’apparaît,

 

Dire l’importance du rôle des associations : AGEEM et ANAE dans cette veille,

 

Dire mon plaisir de rencontrer, et de dialoguer, avec des enseignants sur des sujets pédagogiques, cela ne m’arrive plus assez souvent,

 

Dire à M. SUCHAUT, que j’ai rencontré dans un autre contexte, et notamment celui du DESS d’engenierie de formation monté à Poitiers en 2000 à destination des CPC et des PEMF, mon plaisir de retrouver sa connaissance acérée du système éducatif, et l’approche éclairante qui est la sienne

 

2. De plus, le sujet qui nous réunit est intéressant à plus d’un titre :

 

D’abord parce qu’il a été doublement controversé : et si une controverse est déjà le signe évident d’un intérêt, vous imaginez ce que peut signifier une double controverse : En quoi ?

 

• Première controverse liée à l’entrée dans le paysage pédagogique en 2009, de la notion d’aide personnalisée :

 

notons d’ailleurs que la controverse ne portait pas sur le fond, car la demande de pouvoir consacrer plus de temps, en relation duelle ou de petit groupe, aux élèves en difficulté a toujours été revendiquée par les enseignants

 

mais qu’elle portait sur l’organisation générale des dispositifs avec la crainte de voir disparaître certains dispositifs d’aide spécialisée, type RASED

 

Un constat : le débat n’a pas été a priori pédagogique, raison de plus pour qu’il le soit maintenant. Rappelons tout de même qu’il existe au moins 2 manières d’entrer dans la question de l’aide aux élèves, question qui se pose à tous les systèmes éducatifs :

 

Accroitre les moyens : c’est ce qui a été fait dans les ZEP en 1981 et RRS, dans les CP renforcés par L. FERRY (CP à 12)

Rappelons que les évaluations (MINGAT, DURU BELLAT, MOISAN SIMON…) ne permettent pas d’en dégager avec certitude les effets positifs

 

Modifier les dispositifs et les modalités d’action : c’est ce qui est tenté avec l’accompagnement éducatif, les PPRE, l’aide personnalisée

 

• Seconde controverse, plus psycho-pédagogique : l’aide personnalisée est-elle pertinente en maternelle ?

 

Elèves qui sont des enfants : trop tôt : l’aide serait prématurée puisque tout serait en devenir : cependant tout enseignant de PS sait au 1er regard et à la deuxième seconde identifier les enfants qui vont avoir des difficultés dans leur devenir élève (et je le dis parce que j’ai été enseignante en PS)

 

Aider, c’est singulariser, car l’aide est personnalisée, et donc, stigmatiser : mais l’échec PATENT, n’est –il pas lui-même stigmatisant : « maîtresse, y fait rien que des gribouillis !! »

 

Enfin, et cette dernière réticence me paraît la moins infondée, parce que la journée d’un élève de maternelle est déjà longue : c’est la même qu’en élémentaire, qu’elle est notoirement inadaptée aux capacités de vigilance des petits : mais permettre de dégager 2 h sur les 26 antérieures, n’est-ce pas déjà ouvrir un sas ?

 

3. Intéressant ensuite et surtout, parce que, bien qu’étant controversée, cette aide existe et est institutionnellement mise en place, alors, ce qui m’importe, c’est qu’est-ce qui est fait : une enquête départementale a été réalisée par les IENS et les CPC, et surtout, qu’est-ce qu’on peut en faire, comment en tirer le meilleur parti pour les élèves, et à quelles conditions ?

 

Quelques pistes dans les travaux de Bruno SUCHAUT, et de quelques observations faites en classe :

 

Ainsi, des effets positifs apparaissent quand l’aide est dispensée de manière intensive sur plusieurs années, et les élèves en grande difficulté semblent profiter de ce dispositif : ce qui va à l’inverse des tendances observées qui vont vers une AP orientée vers la difficulté légère et moyenne

 

Intervenir tôt est essentiel, et surtout en maternelle :

 

o Notion de personnalisation, avant même la notion d’aide : « Moi, aussi, maîtresse » disent les élèves de PS quand on leur dit : « tout le monde » ou « vous » ou « la classe »

Etre identifié, c’est exister, en un temps de son histoire où le monde se structure dans des relations interpersonnelles, sur la modalité de la dyade « mère/enfant » (cf BRUNNER),

 

Privilégier « l’étayage d’amont » : assurer, en compensant, les conditions d’un apprentissage réussi, c'est-à-dire, placer les élèves les plus en difficulté en situation d’être assurés, réassurés AVANT l’apprentissage en classe, en grand groupe, dans une situation effective de concurrence pour l’attention de la maîtresse. Leur donner la possibilité de SAVOIR DEJA : l’histoire, le conte, l’exercice…. Ce qui est de fait la position des « afficionados » de l’école, de ceux qui en maîtrisent les codes et en connaissent d’avance les contenus attendus

 

NE PAS ASSIMILER AIDE ET REMEDIATION

 

Saisir l’occasion de travailler « en laboratoire », 2 domaines essentiels en maternelle : le langage et le geste grapho-moteur, 2 domaines que l’on a trop peu l’occasion de travailler de manière fine

 

o Langage :

Possibilité d’instaurer des groupes de parole, de travailler systématiquement le nombre et la qualité des prises de parole des petits parleurs et des non parleurs, d’assurer pour l’enseignant les feed backs et les stratégies de relance les plus productifs : » et pourquoi ? », « c’est intéressant, ce que tu dis, et après ? », de travailler le langage d’évocation en MS et GS, de donner du langage en conte : le don de parole, à moissonner ensuite…

 

o Geste grapho moteur :

Souvent peu observé, encore moins analysé car le temps manque et seuls sont souvent pris en compte les productions, les TRACES au détriment du TRACE

Importance de l’observation du ductus : le geste, sa direction, droite ou gauche, son sens : positif (sens inverse aiguilles montre) ou négatif, la pression /traction ; les pinces de saisie : inguéale, thénardo caudale, les appuis coude, avant bras qui vous influer sur l’amplitude du geste et la cursivité et de translation/rotation

 

 

Mon rôle est d’ouvrir cette matinée : je le fais sur la base d’observations, et de convictions. Mais l’essentiel est le travail de réflexion et d’échange que vous allez mener auquel j’espère mes propos serviront de juste introduction.

 

Une seule question : « Comment utiliser au mieux ce temps nouveau et différent ? »

 

Sylvie Loiseau,

Inspectrice d'Académie de lot-et-Garonne

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