La question de l’accueil des jeunes enfants se pose de façon récurrente depuis des décennies.
Les lieux, les personnels, les formations spécifiques et bien sûr, les coûts…Dans les périodes difficiles, la question se pose et cette fois avec les propositions en cours, nous pouvons nous inquiéter.
En 2000, plus de 35% des enfants de 2 à 3 ans étaient accueillis à l’école maternelle. Aujourd’hui, suite aux suppressions de postes d’enseignants, ils ne sont plus que 21% à bénéficier de cette école gratuite. L’Etat veut-il mettre fin à la scolarisation des 2 à 3 ans, transférer le coût de cet accueil vers les communes et les familles ?
Une des premières mises en œuvre du rapport a été le lancement, en mai, de « jardins d’éveil » pour les 2 à 3 ans, financés par les collectivités locales ou les entreprises gestionnaires, la CAF et les familles. Dans ces structures, payantes pour les parents, la part des professionnelles moins qualifiés augmente et les normes se détériorent (douze enfants pour une salariée au lieu de huit aujourd’hui dans les crèches).
Et ce qui inquiète particulièrement ce sont les propositions qui avancent masquées…
Les jardins d’éveil qui ont tout de même quelque mal à se développer ne sont-ils pas l’assurance de voir les classes de « petits » et de « moyens » des écoles se fermer ?
La petite enfance a du mal à se départir d’une approche culturelle qui associe l’âge maternel à la féminité et rares sont les hommes qui s’emparent et des dossiers, et des métiers. Cela est très dommageable en termes de professionnalisation et également dans la relation qui s’installe entre les enfants et des adultes essentiellement féminins.
Il faut louer le travail accompli par hommes et femmes cadres ou personnels de terrain qui ont fait avancer contre vents et marées (plus ou moins favorables) la cause de la petite enfance, notamment l’AGIEM qui en son temps a accompli un remarquable travail d’accompagnement et de formation
Des actions jamais réellement affirmées ou généralisées
On n’a jamais su répondre aux exigences de formation des enseignants pour des enfants de cet âge, on n’a jamais su introduire la souplesse que réclame leen termes de respect des temps de l’enfant, on n’a jamais su établir de véritables passerelles entre les diverses structures.
On n’a jamais su, car la norme scolaire, responsabilités partagées entre les collectivités et l’éducation, locaux, horaires, présence de personnels différents, formations n’ont jamais été prises en compte d’une manière globale dans l’intérêt des enfants et des familles.
On n’a jamais voulu non plus investir dans l’avenir par manque d’ambition, par corporatisme, par peur de voir des métiers perdre leurs identités.
La maternelle n’a jamais été rassurée…à peine l’était-elle lorsqu’elle est entrée dans l’école primaire que les systèmes de formation ont commencé à oublier ses spécificités…comment faire pour enseigner en section de touts petits ? Adapter ce qu’on apprend pour la grande section ?
La qualité de l’enseignement s’est alors reposée plus sur des compétences personnelles que professionnelles.
Quelques erreurs pointées, des difficultés financières et l'anathème est facile : école ou garderie ? Un enseignant pour surveiller la sieste ? Une évaluation en maternelle ? Des apprentissages en lecture ? Que diable…Laissons les s’épanouir, laissons les se faire materner…Et les idéologies se font hélas, ainsi mieux entendre.
Cela n’est pas aussi simple.
Chacun sait que c’est dans la toute petite enfance que se mettent en place tous les processus d’éducation, d’apprentissage, les liens sociaux et l’approche culturelle. C’est pendant cette période que les échanges avec les parents peuvent être les plus forts et les plus constructifs.
C’est déjà là, dans les premières années que se confortent les inégalités.
Alors, soyons inventifs, créons un véritable service public de la petite enfance, mettons les questions qui fâchent à plat, trouvons les réponses les mieux adaptées, structures, horaires, personnels, passerelles entre les différents milieux de vie et d'accueil, contenus de formation.
Cela va coûter cher ? Oui, mais assumons notre avenir !
Michelle Laurissergues,
Présidente An@é